Réagissez : le guerre Airbus/Boeing dans l'aviation militaire aussi

Publié le par Buffalo (de l'Equipe de Débattons !)

Ce dimanche, un article de Libération... :



Boeing n’a pas digéré que le Pentagone ait préféré l’européen EADS, allié à l’américain Northrop Grumman, pour lui fournir 179 avions ravitailleurs. Cet énorme contrat de 35 milliards de dollars (23 milliards d’euros), annoncé début mars, pourrait être étendu à 600 avions, pour un coût de 100 milliards de dollars. Le groupe américain a déposé une plainte hier devant la cour des comptes américaine, le GAO (Government Accountability Office). Cette instance du Congrès aura cent jours pour se prononcer sur la validité du contrat - qui sera donc suspendu d’autant.

«Récession». S’il accepte la plainte de Boeing, le GAO va certainement devoir examiner la question des subventions européennes à Airbus. Celles-ci, s’insurge le représentant démocrate Norman Dicks, «auraient dû être prises en compte dans l’appel d’offres». L’armée de l’air, ajoute-t-il, «va devoir expliquer pourquoi le gouvernement américain accorde un si gros contrat aux Européens alors que l’économie est en récession». Boeing avait promis de créer directement ou indirectement 44 000 emplois aux Etats-Unis. Airbus, qui compte assembler ses avions sur le territoire américain, a révisé son estimation à la hausse hier, passant de 25 000 à 48 000 emplois créés. «Nous avons vu que Boeing va porter plainte, c’est sa responsabilité», a déclaré hier le patron d’EADS, Louis Gallois. «Nous avons le sentiment que le processus de sélection était exceptionnellement transparent, professionnel et juste et nous avons le sentiment que nous avons le meilleur produit.» Mais l’enjeu n’est pas qu’une affaire de produit.

«Inquiète». Le choix de l’avionneur européen suscite beaucoup de réactions protectionnistes aux Etats-Unis. A commencer par les candidats démocrates à la Maison Blanche. «Il est difficile de croire qu’une compagnie américaine qui a toujours excellé dans l’aéronautique soit incapable de faire ce travail», s’est étonné Barack Obama. Hillary Clinton s’est dite «profondément inquiète de la décision de l’administration Bush de faire fabriquer à l’étranger les avions ravitailleurs de l’armée américaine».

Le candidat républicain, John McCain, se fait très silencieux, et pour de bonnes raisons. Beaucoup l’accusent d’avoir favorisé, à deux reprises, l’avionneur européen. La première fois, indirectement, en débusquant, en 2003, une affaire de corruption dans un contrat de location-vente de ravitailleurs Boeing à l’armée de l’air. Deux responsables de l’avionneur ont été envoyés en prison, le secrétaire à l’Armée de l’air de l’époque a été poussé à la démission, et le contrat a été remis en jeu, permettant à EADS de se positionner. Dans le second appel d’offres, EADS risquait d’être éliminé d’office en raison des subventions européennes à Airbus, perçues comme iniques. Celles-là même que le GAO réexaminera pour répondre à la plainte de Boeing. Une nouvelle fois, McCain avait obtenu, en insistant, qu’il n’en soit pas tenu compte. Il avait écrit l’an dernier une lettre en ce sens au secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui avait suivi ses recommandations.





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