Réagissez : le sage, le doigt, la lune, la gauche...

Publié le par Buffalo (de l'Equipe de Débattons !)

Bon dimanche à tous !


Difficile de ne pas porter crédit de sincérité au député PS Arnaud Montebourg lorsqu'il critique le mélange des genres plus que douteux ou les « éventuelles contreparties » que l'homme d'affaires Vincent Bolloré « est en droit d'attendre » alors que le président de la République a utilisé un de ses avions pour se rendre en vacances en Egypte. Car il est vrai que l'escapade princière et outrancière du couple Sarkozy-Bruni pose, à l'évidence, un certain nombre de questions.
Effectivement, comme le dit Arnaud Montebourg, « on ne peut mener une politique qu'à l'écart des puissances de l'argent » et il n'est pas faux de dire que le président de la République se met en situation de dépendre des faveurs de milliardaires.
Effectivement, «la fréquentation des milliardaires est comme une sorte d'injure à la pauvreté et la difficulté de vie de millions de Français qui travaillent dur pour boucler leurs fins de mois sans y parvenir» et l'on sait déjà depuis longtemps combien notre président, telle une groupie, aime la fréquentation des grandes fortunes de ce monde.
Effectivement, ce mélange des « intérêts privés et publics est nuisible à l'impartialité de l'Etat».

Bolloré : de l'empire à l'emprise
En outre, point sur lequel le député Arnaud Montebourg n'insiste guère, Vincent Bolloré en sus de ses activités industrielles anciennes est devenu en quelques années un des acteurs majeurs de l'univers des médias : deux journaux gratuits avec Matin Plus et Direct Soir, une chaine de télévision avec Direct 8, le leader français des prestations techniques audiovisuelles avec Euro Média Télévision ainsi que des participations importantes dans la publicité avec Havas et les études avec Aegis group et l'institut de sondages CSA.

Et l'empire Bolloré n'a pas fini de s'étendre. Le service en langue française de l'agence de presse AP devrait prochainement être repris par le groupe Bolloré associé à Bertrand Eveno, ancien PDG de l'AFP. L'intersyndicale de l'agence qui, par ailleurs, dans un communiqué du 14 décembre se montrait très virulente à l'égard de ce projet de reprise « refusant de signer un chèque en blanc » à l‘industriel, évoquant « une coquille vide », n'excluant « aucun recours » n'a, cette fois-ci, pas souhaité commenter l'escapade présidentielle à bord du jet privé de Vincent Bolloré justifiant que le projet de reprise n'était désormais plus qu'une rumeur. Un changement de ton surprenant. Sans doute la magie de Noël…

Le Grand Guide Sarkozy
Il n'en reste pas moins que le projet est sur les rails et qu'en ce sens, comme le dit Benoit Hamon, le porte-parole du Parti Socialiste, la mise à disposition d'un avion pour les vacances de Nicolas Sarkozy en Egypte constitue pour l'industriel «un bon investissement».
Néanmoins, et même si elles sont justifiées, l'angle des attaques socialistes à l'égard du président de la République dit bien la faiblesse argumentaire de l'opposition à Sarkozy. Incapable de faire opposition à la politique de Sarkozy, de lui présenter aujourd'hui une véritable alternative, le PS tombe dans le panneau de la légèreté, regarde là où Sarko lui suggère de regarder. Et comme dit le proverbe « quand le doigt [de Sarko] montre la lune [la politique de Sarko], l'imbécile regarde le doigt [de Sarko] ».

Rien sur le fond de la politique sarkozienne dont on devine chaque jour un peu plus les contours malheureux. Après avoir attiré dans son camp certaines figures emblématiques de l'opposition, Nicolas Sarkozy réduit le PS à ne s'en prendre à lui que sur la forme, le superficiel et l'apparat. Domaine dans lequel, il est vrai, il excelle.
Si Rome ne s'est, certes, pas construite en un jour, et à l'évidence le chantier idéologique de la gauche sera aussi un dur labeur, le PS devrait au moins cesser de se faire dicter ses angles de tirs et son calendrier par son principal opposant…Et ce, si possible avant 2012.



Régis Soubrouillard

Publié dans Réagissez !

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B
Ce qu'en j'en pense ? Il y a du bon et du moins bon...«la fréquentation des milliardaires est comme une sorte d'injure à la pauvreté et la difficulté de vie de millions de Français qui travaillent dur pour boucler leurs fins de mois sans y parvenir» dit M. Montebourg. Il y aurait donc des Français infréquentable, parce que riches. Cela ressemble fort au "j'aime pas les riches" d'il y a deux ans de M. Hollande. Cela fleure bon le populisme.«on ne peut mener une politique qu'à l'écart des puissances de l'argent». Je suis d'accord si cela signifie ne pas subir les pressions de cet argent, ne pas se laisser mener sa conduite par cet argent. Il me semble pour l'instant que M. Bolloré n'a rien gagné en échange de son prêt d'avion. La politique de la France n'a pas varié de quelques manières que ce soit de façon à l'arranger.La dernière partie me plait mieux : il est évident que le Parti Socialiste se fait mener par le bout du nez par M. Sarkozy. Quoique... Ne serait-il pas non plus dans l'intérêt de ce parti, en l'absence d'un leader encore déterminé pour le futur, en attente d'une ligne politique cohérente, de saisir les perches qui lui sont lancées ?Finalement, ce petit jeu n'arrange-t-il pas les deux camps ? J'avoue me poser la question !
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A
J'ai hésité à mettre un commentaire car je trouve cet article complet et pertinent... jusqu'à ce que je constate qu'il avait été publié sur le site de Marianne ! Rien à redire.J'aimerais, par contre, avoir votre avis.
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